On y est !
Après 28 heures de voyage sous 14°C dans un avion surclimatisé, made in France ; trois fouilles au corps (certain-e-s, on a pu le constater, aiment ça) ; 4 plateaux repas ; deux galettes de Concarneau ; des mignonnettes de vin blanc (ça, c’est pas quantifiable ni qualifiable d’ailleurs) ; quelques débats engagés mais peu engageants dans ce qui était devenu, à la queue de l’avion, notre cabinet provisoire de campagne... nous y voilà. A Tahiti.
Vendredi 30 mars, 6 h 30, heure locale, 26°C, aéroport de Papeete. Nous autres du Croisty sommes des épaves échouées sur une île au plein milieu du Pacifique. Le maquillage rectifié à la hâte entre deux secousses ne fera pas longtemps illusion sous la chaleur humide matinale. Les garçons ne sont pas beaux à voir non plus. Qu’importe. On vit un truc extraordinaire. On a tombé le bas de contention ; chaussé la tong ; enfilé le bracelet aux essences de citronnelle. Lasses mais le sourire aux lèvres, on nous donnerait le bon dieu sans confession. Les premières auréoles se dessinent. Nous voilà prêts pour la future cérémonie oecuménique. Echange de bon procédé au guichet Immigration : une fleur de Tiaré contre le formulaire rempli consciencieusement entre deux films français d’un cru 2011 décidément exceptionnel.
Cet accueil chaleureux, ça nous change du « Next » canin des cow boys de Los Angeles où nous étions en transit huit heures plus tôt. Ceux-là d’ailleurs, à la différence des passagers rencontrés à la porte du cabinet dans l’avion, on s’est bien gardé de les convier à nous rejoindre au premier festival breton de Tahiti. Le bagad de Lann Bihoue, ses hôtes militaires et des artistes locaux nous attendent donc dans le hall de l’aéroport. Premières notes de bombardes et de binious. Le ukulélé et les percussions se mêlent à la mélopée de bienvenue, mode de chez nous. Le mariage est réussi. Le déhanché des vahinés, tantôt lent, tantôt endiablé, nous scotchent comme des moustiques sur une bande pesticide adhésive. Les organisateurs nous offrent des colliers de fleurs. Nous sommes des désodorisants sur pattes. Heureux d’être là, fiers de partager notre culture et de recevoir celle de nos cousins polynésiens. Répétition demain matin avant le grand spectacle du soir qui, semble-t-il, est très attendu. On a hâte... Mais pu...., qu’est-ce qu’on sue !
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